samedi 22 novembre 2025

Sur le Communisme:Page47

Anglais  Espéranto

Chapitre 8 : UN NOUVEAU MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE

Pour que le communisme ne reste pas un rêve chimérique, il nous faut un nouveau mouvement révolutionnaire, avec une nouvelle terminologie et une nouvelle méthodologie qui rompe avec l'ancienne conception révolutionnaire de la révolution prolétarienne armée. À quoi pourrait-il ressembler ?



1. Les acteurs principaux de la révolution sont les gens ordinaires.

1.1. L'entreprise politique appelée « révolution »

Jusqu'au chapitre précédent, la réalité de la société communiste a été décrite de manière assez concrète, mais la question fondamentale de la réalisation concrète du communisme demeure. Si ce problème majeur n'est pas résolu, le communisme ne sera rien de plus qu'un rêve chimérique inaccessible.

Ainsi, je voudrais tout d'abord revenir sur les points abordés au chapitre 1. J'y ai soutenu que le capitalisme est puissant et incapable d'autodestruction, mais que ce système économique « moderne » révèle de sérieuses limites.

Par conséquent, si nous ne nous contentons pas de nous opposer au capitalisme, mais que nous y renonçons et aspirons véritablement à la réalisation d'une société communiste – pour ceux qui ne le souhaitent pas, ce chapitre et le suivant sont superflus –, nous devons rompre artificiellement avec le capitalisme par l'entreprise politique de la « révolution ». Qui mènera cette révolution ? Cette section s'attache à répondre à cette question.

1.2. Réponse marxiste type

Selon la théorie marxiste, considérée comme « orthodoxe », la classe ouvrière (le prolétariat) est le principal sujet de la révolution communiste. Cette réponse reste politiquement correcte. En effet, le capitalisme, quelles que soient ses transformations superficielles, ne peut, fondamentalement, apaiser l'antagonisme de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat.

Aujourd'hui, la coopération entre employeurs et employés s'est enracinée dans les pays capitalistes développés. Cependant, il ne s'agit là que d'un vestige de la période faste où le capital total a accru la part du travail dans une ère de croissance fulgurante, permettant ainsi d'atteindre des salaires relativement élevés. Par conséquent, face à une crise économique telle que la Grande Récession mondiale, la dure réalité du salariat refait surface.

Le fait que ce soient les salariés qui souffrent le plus de la logique du capitalisme est une loi universelle de l'économie politique, quasiment partout dans le monde. En effet, ce sont les travailleurs salariés, c'est-à-dire les serfs salariés, qui ont la raison la plus convaincante de souhaiter la fin définitive du capitalisme, et la révolution prolétarienne visant à la réalisation d'une société communiste est le soulèvement des serfs salariés.

1.3. Une « révolution prolétarienne » difficile

Cependant, ce qui précède n'est qu'une théorie du sujet révolutionnaire fondée sur la théorie politico-économique. Du point de vue de la dynamique sociale, une « révolution prolétarienne » n'est plus possible. Pourquoi ? Avant tout, la classe ouvrière actuelle est si profondément divisée qu'elle ne peut être rassemblée par un intérêt de classe unique.

Cette division se manifeste d'abord par une polarisation au sein même des travailleurs entre la classe ouvrière ordinaire (cols bleus) et la classe ouvrière supérieure (cols blancs). Les premiers sont majoritairement des travailleurs non cadres du secteur opérationnel, tandis que les seconds sont des cadres aspirant à des postes de direction.

Bien qu'il s'agisse des mêmes travailleurs, leur position est différente. Les cadres supérieurs sont généralement diplômés et bien rémunérés. Bien que salariés, ils sont candidats à des postes de direction et sont imprégnés de la logique capitaliste. Ils constituent une élite, pleinement instruite et prédestinée au management. Ils peuvent se montrer supérieurs, voire hostiles, à la classe ouvrière ordinaire.

Cette division entre « bleus » et « blancs » remonte à l'époque du développement du système des sociétés par actions. Toutefois, ces dernières années, une dichotomie entre classes relativement stables et instables est devenue perceptible, même au sein de la classe ouvrière. La classe stable adhère à un syndicat et parvient à maintenir sa solidarité, tandis que la classe instable se compose de nombreux travailleurs précaires, non organisés et fragmentés, dont les intérêts sont souvent conflictuels.

Par ailleurs, de nos jours, les pouvoirs publics, tels que l'État et les collectivités territoriales, emploient également de nombreux salariés. Ces fonctionnaires, chargés de superviser les activités du capital privé, bénéficient de niveaux d'éducation et de salaires relativement élevés. Les salariés sont eux aussi répartis entre les secteurs public et privé. Cependant, même au sein du secteur public, la différence de classe entre les employés et les cadres est plus marquée que dans le secteur privé.

Outre cette division au sein des travailleurs en activité, le fossé générationnel entre les travailleurs en activité et les retraités se creuse avec le développement du système de retraite. Si les revenus des retraités sont garantis par les cotisations versées par les travailleurs en activité, dont les prestations de retraite futures risquent de diminuer, un conflit intergénérationnel évident apparaîtra.

Les divisions intra-classes décrites ci-dessus ont également permis de relativiser dans une large mesure les différences de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat. Bon nombre des dirigeants d'entreprise qui représentent la bourgeoisie d'aujourd'hui sont promus et sélectionnés parmi la classe ouvrière supérieure (dans certains cas, la classe ouvrière ordinaire). De cette manière, le prolétariat et la bourgeoisie sont reliés par un escalier - qui n'est en aucun cas facile à gravir. En outre, les travailleurs retraités qui investissent une partie de leurs économies peuvent être considérés comme faisant partie de la bourgeoisie en tant que classe de petits investisseurs.

De cette manière, le schéma conflictuel « bourgeoisie contre prolétariat » s'est en fait considérablement atténué sans pour autant être supprimé dans son essence.

De plus, l'assimilation au capitalisme progresse de manière remarquable, même dans la conscience de la classe ouvrière elle-même. Marx a écrit dans le premier volume du Capital : « À mesure que la production capitaliste progresse, apparaîtra une classe ouvrière qui acceptera les exigences de ce mode de production comme des lois naturelles évidentes, grâce à l'éducation, à la tradition et aux coutumes. »

De cette manière, le schéma conflictuel « bourgeoisie contre prolétariat » s'est en fait considérablement atténué sans pour autant être supprimé dans son essence.



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